Sommet des océans à Nice : le bilan complet de l’UNOC 2025 et ses engagements majeurs

La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3) s’est achevée le 13 juin 2025 à Nice, après cinq jours de discussions entre 175 États, ONG et scientifiques. 51 pays ont ratifié le traité sur la haute mer, avec 14 autres prévus avant septembre, atteignant ainsi le seuil nécessaire pour son entrée en vigueur. La France a annoncé une augmentation historique de ses aires marines protégées, passant de 33% à 78% de ses eaux territoriales.

Un appel a été signé par 96 pays pour un traité ambitieux contre la pollution plastique, tandis que la protection mondiale des océans est passée de 8,4% à près de 11%, avec un objectif de 30% d’ici 2030. Ces engagements interviennent dans un contexte d’urgence climatique, alors que la Méditerranée a atteint en 2024 la température record de 28,9°C.

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Tableau récapitulatif des engagements majeurs de l’UNOC 2025

ThématiqueEngagements concretsChiffres clés
Traité Haute Mer– Ratification du traité international51 pays signataires + 14 prévus d’ici septembre 2025
 – Création d’une COP annuelle dédiée– Régulation de 64% de l’océan mondial
Aires marines protégées– Création de nouvelles zones protégées– Passage de 8,4% à 11% des océans protégés
 – Plus grande aire marine protégée (Polynésie française)– Objectif : 30% d’ici 2030
Pollution plastique– Signature d’un traité contre la pollution plastique96 pays signataires
 – Élimination progressive des plastiques problématiques500 millions d’euros d’investissement français
Fonds marins– Moratoire sur l’exploitation minière jusqu’en 2030127 États engagés
 – Programme de cartographie des fonds marins850 millions d’euros de budget
Transport maritime– Réduction des émissions– Objectif : -50% d’ici 2035
 – Lutte contre la pollution sonore37 États engagés
Financement global– Plan d’action pour la protection des océans3,5 milliards d’euros sur 5 ans
 – Soutien aux régions côtières vulnérables2 milliards d’euros mobilisés

Qu’est-ce que l’UNOC et pourquoi ce sommet à Nice ?

La Conférence des Nations Unies sur l’Océan représente le plus grand rassemblement mondial dédié à la protection des mers. Cette troisième édition, co-organisée par la France et le Costa Rica, marque une étape décisive dix ans après l’Accord de Paris sur le climat.

Les objectifs de développement durable constituent le cœur de cette rencontre internationale, avec une priorité donnée à l’ODD 14 sur l’environnement marin. Le choix de Nice s’inscrit dans une volonté française de positionner l’océan, régulateur des grands équilibres planétaires et pourvoyeur de riches ressources, au centre des enjeux climatiques.

La création de coalitions entre États, secteur privé et société civile permet d’accélérer la mise en œuvre des engagements. Les Ocean Action Panels favorisent l’émergence de solutions concrètes, tandis que la communauté scientifique apporte son expertise pour une meilleure prise de décision politique.

Les dates clés de la Conférence Nations unies 2025

De Brest à Lisbonne : l’héritage des précédents sommets

Le One Ocean Summit de Brest en février 2022 a marqué le lancement du projet de « jumeau numérique de l’océan« , porté par Mercator Océan International. Les séances plénières ont permis l’aboutissement des processus multilatéraux sur la protection marine.

À Lisbonne en juin 2022, une avancée majeure a été réalisée avec l’adoption d’un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins par plusieurs pays insulaires du Pacifique. Cette décision historique visait à approfondir les connaissances scientifiques sur ces profondeurs convoitées pour leurs minerais.

La gouvernance de l’océan s’est progressivement structurée à travers ces rendez-vous internationaux, posant les bases des Ocean Action Panels qui caractérisent aujourd’hui le sommet de Nice.

Du 9 au 13 juin : les moments forts à Nice

Le Palais des Expositions de Nice a accueilli une parade maritime exceptionnelle de 30 navires d’exploration scientifique pour l’ouverture du sommet. Les séquences de dialogues entre chefs d’État et organisations onusiennes ont abouti à des avancées majeures, notamment lors du Blue Economy and Finance Forum.

La déclaration politique « Notre océan, notre avenir » a été adoptée le 11 juin, réunissant l’engagement des différents acteurs autour d’un projet d’accord ambitieux. Le pavillon « Beyond Borders », animé par l’UNESCO et l’Agence française pour la biodiversité, a permis au grand public de découvrir les sciences de la mer.

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La Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience a marqué un tournant avec la signature d’un plan d’action face à l’élévation du niveau marin, mobilisant 2 milliards d’euros pour protéger les régions côtières vulnérables.

Qui était présent au sommet mondial des océans ?

Les chefs d’État et représentants officiels

L’UNOC 3 marque un record historique avec la présence du vice-président chinois et du président brésilien Lula, tandis que les États-Unis ont envoyé le chef du bureau environnemental de la Maison-Blanche. 86 chefs d’État, de gouvernement et présidents d’organisations internationales ont répondu présent, dépassant largement les éditions précédentes.

Une forte mobilisation des pays insulaires du Pacifique et d’Amérique latine a caractérisé ce sommet, avec 33 représentants d’Asie. La Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience a rassemblé 300 maires de métropoles côtières, du maire de New York à celui de Cape Town, démontrant l’engagement des territoires face à la montée des eaux.

Les membres de l’ONU ont participé aux séances plénières chaque matin pour présenter leurs engagements, suivies l’après-midi de dialogues avec les agences spécialisées et la société civile. Ces échanges ont permis d’élever le niveau d’ambition concernant la santé des océans, qui couvrent 71% de la surface de la planète.

Le rôle d’Agnès Pannier-Runacher pour la France

La ministre de la Transition écologique a orchestré la stratégie française pendant les cinq jours du sommet, multipliant les rencontres bilatérales avec ses homologues. Son action a permis d’obtenir la signature de 95 pays pour un traité « ambitieux » contre la pollution plastique, une victoire diplomatique majeure pour la France.

Sur la plage du Neptune, face au Negresco, Agnès Pannier-Runacher a présenté le Plan plastique 2025-2030, visant à réduire drastiquement les pollutions terrestres qui impactent les fonds marins. « Nous sommes 26e sur 27 États membres en matière de recyclage, nous devons faire beaucoup mieux« , a-t-elle reconnu, annonçant un investissement de 500 millions d’euros.

La ministre a également défendu avec succès la création d’un Parlement de la mer, une instance consultative inédite réunissant scientifiques, ONG et représentants des pêcheurs, qui siègera à Marseille dès janvier 2026.

animaux ocean

Les grands engagements pris à Nice

Le traité sur la haute mer enfin ratifié

La cérémonie officielle de ratification du traité se tiendra le 23 septembre 2025 à New York, comme l’a annoncé l’ambassadeur français pour les océans Olivier Poivre d’Arvor. Les 51 ratifications obtenues à Nice, auxquelles s’ajouteront 14 nouvelles signatures d’ici septembre, permettront l’entrée en vigueur du texte en janvier 2026.

Ce cadre juridique inédit régulera 64% de l’océan mondial et la moitié de la surface terrestre. Une fois le traité effectif, les pays signataires se réuniront chaque année lors d’une COP dédiée pour décider notamment de la création d’aires marines protégées à la majorité des trois quarts.

Les États ont mis en place à Nice un bureau spécial permettant de finaliser les procédures de ratification, signe d’une mobilisation diplomatique sans précédent pour la protection des eaux internationales. Ce dispositif vise à accélérer l’issue des discussions internationales et renforcer la lutte contre la pêche illégale.

La lutte contre la pollution plastique

Les négociations ont abouti à la signature par 96 pays, dont la France, d’un appel pour un traité « ambitieux » contre la pollution plastique. Ce texte historique prévoit la réduction drastique de la production de plastiques et l’interdiction progressive des produits les plus nocifs.

« Ce sera le cadeau de Noël que nous déposerons au pied de l’océan« , a déclaré Olivier Poivre d’Arvor, fixant l’objectif d’une finalisation à Genève du 5 au 14 août 2025. Les pays signataires s’engagent à éliminer progressivement les produits plastiques problématiques et les substances chimiques préoccupantes, avec un financement adapté à la mise en œuvre du traité.

Une coalition de 37 États s’est également formée pour lutter contre la pollution sonore dans les océans, s’engageant à favoriser la conception de navires plus silencieux pour préserver la vie marine.

La protection des fonds marins

Une majorité de 127 États se sont engagés à Nice pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins jusqu’en 2030. Cette décision historique, annoncée le 12 juin par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, marque un tournant dans la préservation des écosystèmes profonds.

La France et le Costa Rica ont lancé un programme international de cartographie des fonds marins, doté de 850 millions d’euros. « Notre connaissance des abysses reste fragmentaire, nous devons explorer avant d’exploiter« , a souligné le président brésilien Lula, rejoignant la position des scientifiques présents au sommet.

Donald Trump a provoqué une onde de choc en annonçant l’exploitation unilatérale des nodules polymétalliques du Pacifique par les États-Unis. En réponse, l’Autorité internationale des fonds marins a adopté un cadre juridique contraignant pour réglementer toute future activité d’extraction.

La France, nation hôte : quelles avancées ?

Les nouvelles aires marines protégées

La Polynésie française a créé la plus vaste aire marine protégée au monde, couvrant plus d’un million de kilomètres carrés dans le Pacifique Sud. Une décision historique annoncée par son président Moetai Brotherson lors du sommet de Nice.

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La communauté internationale a franchi un cap symbolique avec désormais 11% des océans sous protection, contre 8,4% avant le sommet. La Tanzanie et le Royaume-Uni ont rejoint le mouvement en annonçant de nouvelles zones sanctuarisées, tandis que la Grèce et le Brésil ont renforcé leurs dispositifs existants.

Les scientifiques présents au sommet ont souligné que ces nouvelles aires marines doivent s’accompagner d’une protection stricte. « Pour interdire les pratiques destructrices, il faut passer à des protections plus fortes« , a déclaré Emmanuel Macron, annonçant l’objectif d’atteindre 4% des eaux métropolitaines françaises sous protection forte d’ici fin 2026.

La commission de l’océan Indien renforcée

Le Ve sommet des chefs d’État de la Commission de l’océan Indien, tenu le 24 avril 2025 à Antananarivo, a marqué un tournant dans la gouvernance maritime régionale. Les représentants des Comores, de la France, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles ont adopté une déclaration renforçant la coopération face aux défis climatiques.

La ministre malgache des Affaires étrangères Rafaravavitafika Rasata souligne que « ce sommet historique a permis d’établir le bilan de 40 ans de coopération au sein de la COI« . Les États membres ont validé un budget de 130 millions d’euros pour la période 2020-2025, destiné à financer des projets de protection marine et de résilience côtière.

L’accord prévoit également la création d’un secrétariat permanent pour coordonner les actions régionales et organiser des sommets quinquennaux. Une avancée saluée par les acteurs locaux qui renforce le poids diplomatique de l’Indianocéanie dans les négociations internationales sur l’océan.

Les critiques et points de vigilance

L’absence de certains acteurs majeurs

L’absence des États-Unis et de la Russie au sommet de Nice a marqué un recul significatif pour la coopération internationale sur les océans. Donald Trump a justifié ce choix en qualifiant l’UNOC de « mascarade écologiste qui nuit aux intérêts américains« , tandis que Moscou n’a envoyé qu’un représentant de rang mineur.

Plus de 30 pays en développement n’ont pas pu participer faute de moyens financiers suffisants, malgré le fonds de soutien mis en place par la France. Les représentants des petits États insulaires ont dénoncé ce manque de solidarité qui affaiblit la légitimité des décisions prises.

Les grands armateurs internationaux ont également brillé par leur absence, préférant organiser leur propre forum parallèle à Londres. Une stratégie qui « fragilise la mise en œuvre concrète des engagements« , selon les ONG présentes à Nice.

Des engagements suffisants face à l’urgence ?

Les scientifiques du GIEC présents au sommet ont souligné le décalage entre les promesses et l’ampleur des actions nécessaires. Les mesures annoncées permettraient une réduction de 12% des émissions liées aux activités maritimes d’ici 2030, bien loin des 45% requis pour limiter le réchauffement à 1,5°C.

Les ONG dénoncent particulièrement l’absence de calendrier contraignant pour la mise en œuvre des aires marines protégées. Le budget global de 3,5 milliards d’euros sur 5 ans représente à peine 2% des investissements nécessaires pour une protection efficace des océans selon les estimations du Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

La question du financement des pays en développement reste également sans réponse claire. La part des parties prenantes du Sud global dans les éditions à New York et Lisbonne avait déjà mis en lumière ces inégalités persistantes.

océan indien

2025, année charnière pour les océans

Les prochaines étapes après Nice

La cérémonie officielle de ratification du traité de Nice au siège des Nations Unies marquera le 23 septembre 2025 le premier jalon post-sommet. Les pays signataires se réuniront ensuite chaque année lors d’une COP dédiée à la haute mer pour décider de la création d’aires marines protégées.

Le One Ocean Science Congress a programmé sa prochaine édition à Marseille en mars 2026, réunissant la communauté scientifique pour évaluer les premiers résultats des engagements pris à Nice. Les États devront également présenter leurs plans nationaux de réduction des pollutions marines lors du forum ministériel de l’environnement en mai 2026.

La mise en place du Parlement de la mer à Marseille en janvier 2026 permettra un suivi régulier des avancées. « Ce sera le premier composant majeur de notre système de gouvernance océanique que nous mettons en place pour garantir nos engagements« , a déclaré Olivier Poivre d’Arvor.

La conférence climat et les océans

Le rapport scientifique présenté lors de l’UNOC révèle que les océans absorbent actuellement 90% de la chaleur excédentaire liée au réchauffement climatique. « Ce sera le premier composant majeur de notre système climatique que nous perdons à cause de nos émissions de gaz à effet de serre« , alerte Dirk Notz, co-auteur de l’étude.

Les mesures adoptées à Nice ciblent spécifiquement cette interaction climat-océans. Une coalition de 82 pays s’est engagée à réduire de 50% les émissions du transport maritime d’ici 2035, tandis que 43 États ont validé un programme de restauration des écosystèmes côtiers capteurs de carbone.

Les questions relatives à l’acidification des océans ont dominé les évènements parallèles du sommet. La plateforme internationale IPOS, lancée à cette occasion, coordonnera désormais les observations scientifiques pour mesurer l’impact des politiques climatiques sur la santé des océans.

L’impact sur la ville de Nice

Un événement Nice 2025 historique

Plus de 30 000 délégués ont transformé Nice pendant cinq jours, générant des retombées économiques estimées à 45 millions d’euros pour la métropole. L’exposition « La Baleine » au Palais des Expositions a attiré 150 000 visiteurs, un record pour un événement environnemental en France.

Le port de Nice s’est métamorphosé en village océanique avec 52 pavillons thématiques. Cette mobilisation sans précédent a propulsé la ville au rang de capitale mondiale de l’océan, comme en témoigne la création du Centre méditerranéen d’observation marine qui ouvrira ses portes en 2026 sur le quai des Deux Emmanuel.

La manifestation a également permis de tester grandeur nature le plan « Zéro plastique » de la municipalité. 87% des déchets générés pendant le sommet ont été recyclés, établissant un nouveau standard pour les événements internationaux.

L’héritage du sommet pour la région

La Métropole Nice Côte d’Azur capitalise sur le succès du sommet pour accélérer sa transition écologique. Le nouveau pôle d’excellence maritime, installé dans les locaux rénovés du port, accueillera dès septembre 2025 un incubateur de start-ups spécialisées dans l’économie bleue.

L’UNOC a également permis la création d’un réseau méditerranéen de villes côtières, dont Nice assure la présidence tournante. Cette coalition de 27 municipalités s’engage à partager leurs innovations en matière de résilience climatique et de préservation des écosystèmes marins.

Les retombées s’étendent au-delà du littoral niçois : la région Provence-Alpes-Côte d’Azur devient le premier territoire pilote européen pour l’application du « Plan Méditerranée Exemplaire 2030 », avec un financement de 850 millions d’euros pour la restauration des herbiers de posidonie.

Auteur de l'article

  • sophie

    Sophie est passionnée par les questions environnementales et les solutions pour construire un avenir plus durable. Avec VacheVerte.fr, elle partager des idées, des réflexions et des conseils pratiques pour adopter un mode de vie plus respectueux de la planète.