Les événements traditionnels génèrent des quantités alarmantes de déchets : 2,5 tonnes pour une manifestation de 5 000 personnes selon l’Ademe. Face à ce constat, de plus en plus d’organisateurs adoptent une démarche zéro déchet, minimisant leur impact environnemental dès la conception de l’événement.
Cette approche englobe tous les aspects de l’organisation : de la communication à la restauration, en passant par la logistique. Les résultats sont probants : réduction des coûts, amélioration de l’image et satisfaction accrue des participants. En 2025, cette transition s’accélère avec l’interdiction progressive des plastiques jetables dans l’événementiel.
Voici 10 actions concrètes et éprouvées pour tendre vers le zéro déchet, qu’il s’agisse d’un festival, d’une conférence ou d’une manifestation sportive.

Qu’est-ce qu’un événement zéro déchet ?
Un événement zéro déchet applique une approche globale de prévention des déchets à chaque étape de son organisation. Cette démarche repose sur les principes du refus, de la réduction et de la réutilisation avant même d’envisager le recyclage.
La mise en œuvre passe par des solutions concrètes : gobelets réutilisables, points de collecte stratégiques, consignes de tri claires, et partenariats avec des prestataires engagés. Les organisateurs d’événements adaptent ces pratiques selon leur type d’événement, qu’il s’agisse d’une conférence professionnelle ou d’un festival grand public.
Les associations pionnières démontrent qu’une production de déchets minimale est possible grâce à une gestion rigoureuse des équipements, une sensibilisation des participants et l’élimination progressive des déchets plastiques à usage unique.
Pourquoi organiser un festival ou une activité zéro déchet ?
L’impact environnemental des événements traditionnels
Un festival traditionnel de 50 000 spectateurs génère l’équivalent de 400 allers-retours Paris-New York en émissions carbone. Les déchets massifs représentent le premier impact visible : selon une étude de l’ADEME en 2023, chaque festivalier produit en moyenne 2,3 tonnes de CO2.
La consommation énergétique et d’eau atteint des niveaux alarmants lors de ces événements. Les scènes, les éclairages et la sonorisation nécessitent une puissance électrique comparable à celle d’une petite ville.
L’impact sur la biodiversité locale ne peut être négligé. Les grands rassemblements perturbent les écosystèmes par le bruit, le piétinement et la pollution lumineuse. Le transport des festivaliers représente 80% des émissions totales, suivi par l’alimentation et les boissons qui contribuent à hauteur de 20% au bilan carbone.
Les bénéfices économiques et d’image
Les organisateurs d’événements qui adoptent le zéro déchet réalisent des économies substantielles tout en renforçant leur image de marque. La réduction des coûts de gestion des déchets et de nettoyage représente l’avantage économique le plus immédiat, comme le démontrent de nombreux festivals éco-responsables en France.
Au-delà des gains financiers directs, ces événements bénéficient d’une attractivité accrue auprès des partenaires et du public. La démarche zéro déchet devient un véritable argument marketing, différenciant l’événement dans un secteur de plus en plus concurrentiel.
Les retombées positives s’étendent également à l’écosystème local. Les prestataires et fournisseurs engagés dans cette transition développent de nouveaux services adaptés, créant une dynamique vertueuse qui profite à l’ensemble du territoire.

Action 1 : Privilégier l’eau du robinet et bannir le plastique jetable
L’eau en bouteille représente un désastre écologique lors des événements : un festival de 5000 personnes génère plus de 10 000 bouteilles plastiques jetables. La solution réside dans l’installation de points d’eau du robinet à travers le site.
Des fontaines à eau micro-filtrée ou des bars à eau permettent aux participants de remplir leurs gourdes réutilisables. L’eau du robinet, 100 à 200 fois moins chère que l’eau en bouteille, réduit considérablement les déchets plastiques tout en offrant une hydratation de qualité.
Pour faciliter cette transition, plusieurs options s’offrent aux organisateurs : installation de rampes multi-robinets pour les événements sportifs, mise à disposition de carafes d’eau filtrée pour les conférences, ou création de stations de remplissage design pour les festivals.
Action 2 : Opter pour de la vaisselle réutilisable et durable
La vaisselle réutilisable s’impose comme une alternative incontournable aux 2,5 tonnes de déchets générés par un événement moyen de 5000 personnes. Les assiettes en carton et couverts en plastique sont désormais remplacés par des équipements durables, qui peuvent être loués auprès de prestataires spécialisés.
Les organisateurs ont le choix entre différentes solutions : vaisselle en verre pour les réceptions élégantes, contenants en bambou pour les festivals, ou encore gobelets personnalisés avec le logo de l’événement. Un système de consigne garantit la récupération des équipements.
Les gobelets ecocup sont devenus un incontournable des événements responsables, avec plus de 80% des festivals qui les ont adoptés. Ces verres en polypropylène peuvent être réutilisés plus d’une centaine de fois, permettant une réduction drastique des déchets plastiques à usage unique.
Les résultats sont probants : selon Zero Waste France, « la vaisselle réutilisable permet d’éviter les émissions liées au traitement des déchets mais également celles liées à l’extraction de matières premières ». Cette approche s’accompagne souvent d’une réduction des coûts grâce à la mutualisation du matériel entre organisations locales.
Action 3 : Lutter contre le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire représente un défi majeur des événements : en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année, avec une part significative lors des festivals et rassemblements.
Les solutions concrètes se multiplient : la planification rigoureuse des repas, l’adaptation des portions aux besoins réels et la valorisation des surplus alimentaires permettent de réduire drastiquement ce gaspillage. Les organisateurs peuvent également mettre en place des buffets pédagogiques « zéro gaspi » et des ateliers de cuisine participative.
La transformation créative des restes prend aussi de l’ampleur : « pain en chapelure ou pudding, légumes en potages ou chips, fruits en compotes ». Des associations comme Récup & Gamelles proposent des animations anti-gaspillage et accompagnent les événements vers une démarche plus responsable, tout en redistribuant les surplus aux personnes dans le besoin.
Action 4 : Mettre en place le tri et la valorisation des biodéchets
Depuis janvier 2024, la loi AGEC impose aux organisateurs d’événements de mettre en place le tri à la source des biodéchets. Ces déchets organiques représentent encore un tiers des déchets non triés, composés à 80% d’eau, leur incinération ou mise en décharge génère un impact environnemental majeur.
La mise en place d’une brigade de tri formée et le déploiement de points de collecte dédiés permettent une valorisation efficace. Les déchets alimentaires sont transformés en compost pour enrichir les sols ou en biogaz via la méthanisation.
Pour garantir un tri optimal, une signalétique claire et des bacs adaptés doivent être installés dans les zones stratégiques. « La collecte séparée des déchets alimentaires augmente souvent les performances de tri des autres flux », confirme le Ministère de la Transition écologique.
Action 5 : Réduire les emballages et supports de communication
Les supports de communication et emballages constituent une source majeure de déchets lors des événements. La signalétique, les programmes imprimés et les emballages de livraison représentent jusqu’à 30% du volume total des déchets générés pendant les manifestations.
La dématérialisation des supports s’impose comme une solution efficace. Les applications événementielles permettent de remplacer les programmes papier, tandis que les QR codes facilitent l’accès aux informations pratiques. Pour la signalétique indispensable, des matériaux réutilisables comme le bois ou le carton recyclé offrent une alternative durable.
Les emballages de livraison méritent une attention particulière. Une collaboration étroite avec les fournisseurs permet d’identifier des alternatives comme les caisses consignées ou les emballages réutilisables. « Les supports de communication matériels ont la double caractéristique d’être facilement périmés et en surnombre », souligne le Réseau Éco-Événement, qui préconise une réflexion approfondie sur leur utilité réelle.
Action 6 : Créer une décoration écoresponsable
La décoration éphémère des événements génère une quantité massive de déchets non recyclables, des guirlandes aux ballons en passant par les structures temporaires. Les alternatives durables se multiplient aujourd’hui pour créer une ambiance festive sans impact environnemental.
Les matériaux naturels et réutilisables s’imposent comme la solution privilégiée : plantes locales de saison, mobilier en bois recyclé, tissus récupérés. La location auprès de prestataires spécialisés permet d’accéder à des éléments de qualité sans générer de nouveaux déchets.
Les organisateurs innovent avec des décorations participatives : ateliers de création à partir de matériaux de récupération, installations artistiques collectives, ou encore « scénographies modulables conçues pour être réutilisées » comme le souligne le collectif Éco-Événement. Une approche qui conjugue créativité et responsabilité environnementale.
Action 7 : Installer des toilettes sèches écologiques

Les organisateurs d’événements zéro déchet adoptent massivement les toilettes sèches, qui permettent d’économiser jusqu’à 15 000 litres d’eau par personne sur la durée d’un festival. Cette alternative écologique transforme les déchets en ressource grâce au compostage naturel.
Le système de séparation des matières solides et liquides élimine 80% des odeurs désagréables, un point crucial pour l’acceptation par le public. Une maintenance simplifiée et des équipements mobiles facilitent leur déploiement sur tous types d’événements.
La formation du personnel et une signalétique adaptée garantissent une utilisation optimale. Les déchets collectés sont valorisés en compost pour l’agriculture locale, créant un cycle vertueux qui séduit de plus en plus d’organisateurs soucieux de réduire leur impact environnemental.
Action 8 : Limiter les objets promotionnels et cadeaux
Les goodies distribués lors des manifestations constituent une source majeure de gaspillage : 49,6% des Français préfèreraient recevoir moins de cadeaux publicitaires mais de meilleure qualité. Cette prise de conscience pousse les organisateurs à repenser leur stratégie de communication.
La solution la plus radicale consiste à supprimer purement et simplement la distribution d’objets promotionnels. Les alternatives numériques gagnent du terrain : codes de réduction, expériences dématérialisées ou coupons de découverte pour des services locaux permettent de maintenir le lien avec les participants.
Pour les cas où des cadeaux physiques restent nécessaires, vous pouvez opter pour un seul objet orienté zéro waste : gourde réutilisable, tote bag en matériaux recyclés ou accessoires fabriqués par des entreprises d’insertion locale. Ces choix renforcent la cohérence de votre démarche éco-responsable tout en offrant une meilleure visibilité à votre marque.
Action 9 : Choisir des prestataires engagés en France
Les prestataires spécialisés zéro déchet se multiplient en France, avec plus d’une centaine d’acteurs proposant des solutions clés en main pour les événements écoresponsables. Ces entreprises locales réduisent en moyenne de 35% la production de déchets sur les manifestations qu’elles accompagnent.
Zero Waste France et le Réseau Eco-Événement ont développé des annuaires de prestataires certifiés, facilitant l’identification des partenaires engagés. De la location de vaisselle réutilisable à la gestion des biodéchets, ces professionnels maîtrisent l’ensemble de la chaîne logistique zéro déchet.
Des sociétés comme Les Connexions mettent à disposition des dispositifs de tri innovants, tandis que d’autres « transforment les décors en nouvelles matières premières grâce à l’upcycling ». La mutualisation des équipements entre événements permet aussi de réduire significativement les coûts tout en maximisant leur utilisation.
Action 10 : Sensibiliser et impliquer les participants
La sensibilisation des participants constitue la clé de voûte d’un événement écoresponsable réussi. Les organisateurs multiplient aujourd’hui les approches innovantes pour transformer chaque festivalier en acteur du changement.
Les animations participatives démontrent leur efficacité : ateliers pratiques de fabrication zéro waste, défis collectifs de réduction des déchets, ou encore stands de démonstration tenus par des ambassadeurs formés. Ces actions concrètes permettent d’atteindre des taux de tri supérieurs à 80% selon le Réseau Éco-Événement.
Une communication transparente s’avère essentielle pour maintenir la mobilisation. « Les actions très visibles sont le premier outil de sensibilisation à destination des participants et donnent de la crédibilité à votre engagement », souligne Zero Waste France. Les organisateurs affichent leurs objectifs environnementaux et partagent régulièrement les résultats obtenus grâce aux efforts collectifs.
Exemples réussis : conférences, festivals et activités sportives zéro déchet
De plus en plus d’événements démontrent qu’il est possible d’organiser des rassemblements d’envergure tout en minimisant drastiquement leur impact environnemental. Ces initiatives pionnières inspirent aujourd’hui l’ensemble du secteur événementiel, avec des résultats probants à la clé.
Voici des exemples concrets qui prouvent que le zéro déchet est possible à grande échelle :
- We Love Green, festival parisien accueillant 80 000 festivaliers, a mis en place un système de restauration anti-gaspillage innovant en partenariat avec Phénix, transformant les invendus en délicieuses options de restauration
- Le festival Ecaussystème a totalement banni les gobelets jetables en optant pour une gamme complète de contenants réutilisables Ecocup, devenant un modèle de gestion des déchets dans l’événementiel musical
- Les Mondiaux d’aviron indoor organisés par la Fédération Française d’Aviron ont innové en transformant un rameur en machine à smoothies, permettant de valoriser les fruits invendus tout en proposant une animation ludique
- La Grande Course du Grand Paris Express accueille des stands Zero Waste Paris qui sensibilisent les coureurs aux alternatives zéro déchet dans le sport : gourdes réutilisables, ravitaillements sans emballages, dossards en matériaux recyclés
- Le Raid Handi-forts de Besançon a inauguré le concept de recyclerie sportive mobile, permettant aux participants de donner ou d’acquérir des équipements sportifs de seconde main, prouvant que « dans le sport aussi, il est possible de relever le Défi Rien de neuf » selon Zero Waste France
Ces succès démontrent que la transition vers le zéro déchet est non seulement possible mais également créatrice de valeur, tant pour les organisateurs que pour les participants. Les solutions existent et se multiplient, il ne tient qu’à nous de les adopter et de les généraliser.